La petite fille et le chameau…


J’ai exposé dernièrement dans la galerie d’art Graffiti localisée à la Fondation Poidatz à St Fargeau en Seine et Marne.

Cet établissement a été fondé par Helen Poidatz, une américaine très riche qui a dédié sa vie et sa fortune aux enfants gravement handicapés.
Voilà plusieurs années que la présidente de la galerie Graffiti me pressait de participer à une exposition dans ce lieu.
Je n’en voyais pas la nécessité car égoïstement je pensais que cet endroit ne se prêtait pas à la vente de mes tableaux…
Cette année, elle revint à la charge en m’assénant un peu sévèrement un argument de poids : « Il ne s’agit pas de vendre, il s’agit de distraire les petits malades ».

J’acceptai donc et avec mon mari nous sommes allés accrocher une cinquantaine de tableaux aux cimaises.
La « galerie » en fait est un immense couloir qui mène au restaurant où se rendent tous les jours les enfants.
L’accrochage nous a pris une journée entière au cours de laquelle nous avons vu défiler tous les pires handicaps.
Au début j’osais à peine les regarder et j’avais la gorge serrée devant tant de malheurs.
Mais au fil de la matinée, leur tonitruant « Bonjour ! » et « Comment ça va » (!!!) m’ont remis la tête à l’endroit et je parlais avec eux.

Puis aux alentours de midi, à l’heure du repas, ce fut le lent défilé des lourds handicaps.
Je descendis de mon échelle et la rangeai pour les laisser passer.
Sur un lit roulant poussé par une aide soignante, je vis arriver une petite fille complètement défigurée et couchée sur le ventre.
Dans cette position immobilisée, elle examinait cependant chaque tableau avec attention.
Soudain, devant l’un d’eux représentant une scène dans le désert égyptien, elle cria bien fort à la personne qui la véhiculait : « Tu verras, /moi aussi,/ un jour je monterai sur un chameau ! »
L’aide soignante m’adressa un clin d’oeil et lui répondit : « Je n’en doute pas ma chérie, dépêche toi de guérir. »

L’histoire ne s’arrête pas là. Quelques mois plus tard, je me rendis à nouveau dans les locaux de la Fondation.
En passant devant une salle de cours, quelle ne fut pas ma stupéfaction de reconnaître parmi les élèves cette petite fille.
Son visage avait meilleure allure et elle était … assise (dans un fauteuil roulant). Elle semblait sur la voie d’une nette amélioration.
J’ai été alors convaincue que l’impossible était possible : un jour /elle aussi/ monterait sur un chameau.

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Our discussion have One comment

  1. madame,

    je ne connais pas vos oeuvres mais ne doute pas qu’elles soient remplies de générosité.

    je souhaitais juste vous remercier pour ce que vous avez fait pour ces enfants .

    j’ai fait partie de ceux qui sont allés se recontruire dans cet établissement . j’avais entre 6 et 7 ans et demi et je n’ai aujourd’hui à 41 ans que peu de souvenirs de cette période si ce n’est
    celle de malades qui peignaient avec leurs pieds des tableaux magnifiques.
    d’allongée sur un brancard, j ai appris à marcher de nouveau,.je ne suis pas montée sur le chameau mais j’ai fait beaucoup d’autres choses tout aussi belle..
    continuez pour eux et pour vous !!

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